« Étrange Docteur Jekyll et Mister Hyde, Proust obsédé et lucide Beckett, Raynaud plante le décor. Champ de bataille rangé, concentré, force de frappe à l’arme automatique, bombes larguées tous les quinze centimètres, il tire en plein visage. Une fois encore, toujours plus fort, la précision de son alphabet, le contraste de ses appels, l’audace de ses confrontations attaquent en masse et l’attentat n’en finit pas… Signalétique de guerre made in China, ses signes confrontent la mémoire collective, convoquent l’innocence captive de l’enfance universelle en marge d’une terrible humanité mortellement fragile, secoue sans un mot, subjugue de ses coups montés en rafales. Son artillerie déferle en composantes alignées, toutes différentes, pièces uniques sans nombre défini, indépendantes les unes des autres, nécessaires et suffisantes, oeuvres entières libérales d’une unité de fait, cordée d’art elle-même oeuvre composite autonome suivant son cours. Les carreaux de Raynaud brillent d’une force atomique, irradient leurs soleils pop, rayonnent d’un sourire néolithique. Fraîcheurs passées et décrépitudes à venir, couleurs vives et noir total, présence et absence, il balance brutalement ses signaux incontournables, pénètre l’art en frappant fort, viol, mitraille et coups de massue, corps à corps de Raynaud Warrior ».
Jean Corbu